mercredi 10 décembre 2008

Article Le Parisien du 22 janvier 2008

Texte :


Les usagers refusent de montrer leur billet

MANTES-LA JOLIE. En grève du zèle, les voyageurs en colère refusent de présenter leur billet. Au premier jour de leur mouvement, les contrôleurs se sont faits discrets.

HIER MATIN, 7 h53, gare de Mantes-la-Jo­lie. Le train de 7h 38 à destination de Paris Saint-Lazare arrive enfin en gare. Le quai est bondé de voyageurs. Les portes des voitures s'ouvrent et la foule d'habitués joue des coudes pour pouvoir monter. Faute de place, des personnes, manteau sur le dos et sacs entre les jambes sont déjà assises dans les es­caliers. Les usagers de Mantes-la-jo­lie connaissent le même sort que ceux montés a Bonnières, l'arrêt pré­cédent. Ils voyagent debout, brinque­balés d'un côté ou de l'autre au gré des secousses de la rame.

« La semaine commence bien. Ça promet pour les jours à venir», lance Nelly arborant sur sa veste un auto­collant «usager en colère». Pour elle, comme pour tous les autres membres du comité des usagers de la ligne Mantes-Paris pas question de présenter son titre de transport si un contrôleur se présente. Et ce jusqu'au ler février, date de réunion des représentants du comité

avec le directeur de la ligne Paris-Mantes. D'ici là, ils rencontreront le 25 jan­vier les galériens de Bréval.

« Nous achetons notre titre de transport 108€ par mois. Mais nous n'acceptons plus de voyager dans ces conditions, avec des retards à répétition, des suppressions de trains, des avaries de matériel, absence de conducteur ... Notre façon de manifester, c'est de refuser de montrer notre billet », explique Sylvie Dupuy, secrétaire à la Madeleine qui, depuis des années note scrupuleusement sur un carnet tous les retards de la SNCF. Et ils sont nombreux.


Des incidents deux jours sur trois

Depuis le début de l'année, les voyageurs ont enregistré quasiment deux jours sur trois des incidents. L'an dernier, ils ont représenté l' équi­valent de plus de 6 jours de travail.

Les usagers n'en peuvent plus. « C'est surtout le stress quotidien. On se lève à 5 heures du matin en se demandant si le train va arriver Et le soir, c'est le mêrne refrain, explique Carole. On n'arrête pas de courir, saris compter qu'il faut rendre des comptes à tout le rnonde, à la nour­rice qui vous fait une tête pas possible quand vous arrivez en retard et à votre employeur. J'ai déjà eu des remontrances. Si cela continue, je vais recevoir une lettre recommandée »

Nelly, salariée à la CPAM depuis trente-deux ans désespère. « J'ai fait ma demande de mutation à Mantes- la-Jolie. Elle m'a été refusée. Aujourd'hui, j'ai quatre heures de transports par jour quand tout va bien et davantage quand rien ne va. Lors de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy avait jugé inadmissible qu'une femme ait plus de trois heures de transport par jour. Je lui demande donc d'intervenir. » A 8 h 35 passé, le train arrive à Saint- Lazare sans que les voyageurs n'aient vu un seul contrôleur.

par Véronique Beaugrand

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